Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article SODALES AUGUSTALES

SODALES AUGUSTALES

SODALES AUGUSTA LES. Collège créé par l'empe reur Tibère pour présider au culte d'Auguste divinisé et prendre la succession de la gens Julia dans les sacrifices qu'elle avait à célébrer. Les premiers membres du collège furent tirés au sort au nombre de 21 et, comme il était naturel, parmi les membres de la haute aristocratie (primores cib•itatis)'. On ne connaît pas le nom de ces premiers Augustales 2. Tibère, Drusus, Claude et Germanicus leur furent adjoints, ce qui portale nombre total à25. Chaque place du collège se nommait décurie ; il y avait donc, à l'origine, 25 décuries. Ce nombre fut porté ultérieurement à 26, à une date que l'on ignore, mais antérieure à l'année 513. M. Dessau pense que la vingtsixième décurie fut établie en faveur de Drusus 4. Néron fut nommé à une vingt-septième 3; une vingt-huitième fut enfin créée au profit de Titus en 7l 6, Supprimée après lui, on la rétablit pour y appeler Caracalla'. Quand un membre du collège venait à mourir, on le remplaçait par voie de cooptation 6. On a supposé que la cooptation devait être précédée d'une désignation de l'Empereur, lequel avait droit, pour les autres collèges sacerdotaux, de nommer aux postes vacants', ou du sénat qui partageait ce droit avec le prince' 0. Les _nodales Augustales étaient, dans la hiérarchie sacerdotale, des personnages importants ; des places spéciales leur étaient réservées au théâtre ; ils s'asseyaient sur des chaises curules '1; ils figuraient aux cérémonies religieuses avec les grands collèges de l'État t2. A leur tête étaient trois magistri annuels 13 et un flamine, nommé à vie par l'Empereur. Un texte de la biographie de Marc-Aurèle permet de croire qu'il n'était pas pris d'habitude, parmi les sodales14. Borghesi, cependant, est d'un avis contraire''; mais, depuis, on n'a point admis sa façon de voir16. M. G. Howe a dressé la liste des sodales Augustales connus. Elle compte 711 noms, depuis l'année 1 1, date de la fondation du collège, jusqu'à l'année 23011. Le même procédé fut employé dans la suite pour assurer le culte des différents empereurs divinisés: on SOD 1372 SOD créa successivement d'autres confréries, qui prirent le nom du souverain dont elles devaient garder la mémoire. Tout d'abord, à la mort de Claude', ou peut-être seulement en 63, au moment de la naissance de la fille que Néron eut de Poppée la sodalité des rl ugustales fut renforcée de Claudiales ; le titre officiel des membres devint dès lors Augusta/es Claudia/es. A la mort de Vespasien furent créés les sodales Flaviales, qui joignirent à leur nous celui de Titiales après la mort de Titus '. On ignore le nombre des membres de cette confrérie. Puis se formèrent les sodales lladrianaies, après Hadrien'` '`et les sodales Antoniniani,. après Antonin le Pieux'. Ce fut le dernier collège de ce genre que l'ors établit; il fut chargé du culte de tous les empereurs divinisés postérieurement à Antonin. Aussi ajoutait-on à leur nom celui de chaque nouveauDivus. Par là s'explique les noms de sodales Antoniniani l'erianio, sodales Illariani Antoniniani', sodales Aureliani Antoniniani', so(laies Antoniniani Commodiani, Jlelciani, Severianj', qui se rencontrent dans les inscriptions. R. CAG'AT. antiquité, il exista à Rome des groupements de personnes constituées en vue du culte et dont la raison d'être était surtout d'assurer la régularité de certains sacrifices et de certains repas sacrés. On donnait à ces groupements le nom de sodalitas; ceux qui en faisaient partie s'appelaient sodales'. Cette institution remontait très haut: la légende l'attribue à Romulus, qui aurait ainsi assuré, disait-on, le culte du sabin Tatius 2. Ces sodalités offraient donc, au point de vue de la religion, une certaine ressemblance avec les gentes, chargées de la célébration des sacra gentilicia ; mais elles ne se confondaient pas avec elles et, au besoin, les remplaçaient.. Quand une gens à qui l'État avait confié la garde de quelqu'un des sacra publica menaçait de s'éteindre, pour empêcher la disparition de ces sacra, on introduisait dans la gens des étrangers ; de la sorte, on la transformait en sodalitas, en confrérie. On cite comme exemple du fait la sodalité des Luperci, qui comprenait des Fabiani et des Quintiliani ', plus tard des Julia.ni 4, parce que les membres appartenaient à trois familles. les habii, les Quintilii et les Julii. D'autres fois, lorsqu'on établissait un culte nouveau, on en confiait la garde à une confrérie, qui pouvait être une gens, mais aussi une agglomération quelconque de personnes exerçant la même profession, habitant le même quartier ou même n'ayant d'autres liens entre eux que de coopérer aux mêmes cérémonies religieuses. On ne sait pas au juste comment avaient été constitués à l'origine les sodales Titii, que Romulus avait fondés retinendis Sabinorum sacris G : mais il est d'autres sodalités dont les débuts sont mieux connus. De ce nombre est l'association des Jlercatores ou Mercuriales préposés, au culte de Mercure, au pied de l'Aventin, qui fut composée en 495-269, des marchands établis dans le voisinages ; ou encore le collège des Capitoline, créé en 367387 après la défaite des Gaulois, en même temps que les jeux Capitolins et pour les célébrer, de la réunion des citoyens habitant le quartier du Capitole'. De même, lorsqu'on apporta de Pessinonte la statue de la mère des Dieux, la République. afin d'en assurer le culte, recruta parmi les membres des premières familles des sodales, qui furent réunis en une confrérie nouvelle8. Plus tard encore, quand César éleva le temple de Vénus Genitrix protectrice de la famille des Jules, il fonda une sodalité, qu'il composa de tous les membres de la gens Julia' et qui subsista quelque temps à l'époque impériale. Telles sont également l'origine et la nature des SOIIALES AUGCSTALES, établis par 'libère, à Rome, à l'image des sodales Titii'", pour présider au culte d'Auguste divinisé. On sait qu'à l'exemple des sodales Augustales et pour assurer le culte des différents empereurs divinisés successivement, d'autres confréries furent créées, qui prirent le nom du souverain dont elles devaient garder la mémoire. A la mort de Claude la sodalité des Augustales fut renforcée de Claudiales; à la mort de Vespasien naquirent les Sociales Flaviales, qui joignirent à leur nom celui de Tiliales, quand Titus fut mort. Puis 'se constituèrent les sodales Itadrianales après Iladrien, et les sodales Antoniniani, après Antonin le Pieux [SODALES Les membres de ces sortes de confréries n'étaient pas des prêtres chargés de célébrer les cérémonies sacrées : ces prêtres existaient à côté d'eux et en dehors ; ils assistaient seulement aux sacrifices et aux réunions et organisaient des festins ". Ce n'étaient que des cultures, dont le devoir était de supporter les frais du culte. Leur situation était, parlàmème, très semblable àcelledesmemlires des gentes. II existait même entre eux des liens sacrés comme entre cognati et affines. Un sodalis ne pouvait accuser son confrère'"-, ni prendre sa défense comme avocat", ni figurer parmi ses juges dans un procès". II. Le mot soda!Cas 13, ou plus souvent sodalieium est encore employé, à l'époque républicaine, pour désigner un autre genre d'association, qui n'a plus rien de commun avec la religion, mais qui relève de la politique'. En fait, au vue siècle de Rome, toutes les corporations, religieuses ou autres, s'occupèrent de politique; elles soutenaient leurs membres aux élections, se laissaient parfois corrompre par des candidats, ou même descendaient danslaruepour soutenir les ambitien x turbulents. Mais elles n'étaient pas désignées parle terme sodaliciunl. Celui-ci était réservé aux associations créées dans un but exclusivement politique, dans le but de faire naître et d'entretenir l'agitation. Il en est question plus d'une fois dans Cicéron 18. C'est contre elles que fut dirigée la lex Licinia quae est de sodaliciis et le sénatus-consulte de l'an 696-58 ut sodalitates decuriatique discederent. Elles se composaient, dit M. Waitzing", de citoyens puissants, désireux d'arriver aux honneurs ; elles étaient permanentes, avaient leurs agents, leurs chefs et sans SOD '1373 SOL doute leurs statuts'. Destinées à soutenir les confrères ou leurs amis, elles gagnaient les électeurs en masse, chaque associé travaillant sa tribu. Les citoyens disposés à se vendre se faisaient inscrire ; ils étaient divisés eu décuries (decuriati) par les agents de la sodalité (divisore.s, sequestres), qui distribuaient le prix des suffrages ; mais ces vendus ne formaient pas de collèges véritables 2. o Néanmoins la naissance et la multiplication de ces pseudo-collèges furent la cause des ditlérentes mesures restrictives prises au dernier siècle contre les collèges eux-mêmes ils furent englobés dans la loi commune. Il suffira de rappeler ici brièvement' q l'en (i4-69f1, époque de la première conjuration de Catilina, un sénatusconsulte supprima tous les collèges, excepté un petit nombre dont l'intérêt public exigeait le maintien Mais Clodius devenu tribun de la plèbe en 58 fit voter une loi qui les rétablissait et rendait au peuple la liberté d'association (lex Clodia de collegiis) 3. II en profita pour constituer un grand nombre d'associations nouvelles qu'il composa des éléments les moins recommandables de la population, même d'esclaves. L'ordre ne se rétablit en partie qu'à la mort de Clodius. Le sénat, pour empêcher le retour de semblables faits, rendit en 56 un nouveau sénatus-consulte qui, cette fois, visait exclusivement les sodalicia, les clubs politiques : ils furent dissouse ; mais on remettait le soin de sanctionner ce sénatus-consulte à une loi postérieure. Elle fut votée l'année suivante ; c'est la lex Licinia de sodaliciis' elle punissait de l'exil les membres des clubs électoraux. Pour compléter la mesure et empêcher tous les autres collèges de se mêler de politique, César les supprima tous d'une façon générale" ; de la sorte, il n'y avait pas lieu de faire de distinction entre collegia et sodalicia, et le pouvoir central était assuré de la tranquillité. Cette fois encore on n'obtint point un effet décisif : à la faveur de l'anarchie qui suivit la mort de César, les associations se reformèrent. a Tous les jours, dit Suétone, se formaient des associations factieuses et criminelles, qui se déguisaient sous le titre de collèges nouveaux 11. Auguste dut intervenir à son tours. De nouveau, tous les collèges furent supprimés ; mais le droit d'association fut réglé pour l'avenir par une lex Julia de collegiis : elle décidait que les associations, pour être légales, devaient obtenir une autorisation spéciale du sénat (e lege Julia) i0; celles qui ne l'avaient pas obtenue étaient tenues pour illicites et leur existence même constituait un délit1l. Ses successeurs eurent soin que la loi fût sévèrement observée'". Lorsqu'on rencontre à l'époque impériale le terme de sodalitas et de sodalicium, dans les inscriptions, c'est comme synonyme de collegiuin. Les exemples ont été recueillis par M. Waltzing 13. Quant au mot sociales, il a une signification très étendue et s'applique à tous les membres d'un collège. Sociales sont, lit-on au Digeste, qui ejusdena collegii sunt14. On trouve donc désignés ainsi les membres des associations ouvrières et surtout ceux des collèges funéraires 1' L'organisation de ces divers collèges a été expliquée ailleurs [COLLEGIUM, FABBI, FuruS]. On sait qu'elle reproduit assez fidèlement l'organisation municipale avec la division des membres en centuries et décuries ; on y retrouve des assemblées générales, un comité administratif de décurions, des présidents [MACISTEB], des trésoriers [QuoasTOB'i, des patrons [PATBONUS], un budget de recettes et de dépenses, un règlement intérieur [LXX] et des décrets que les sodales rendaient au cours de leurs réunions. On sait, aussi qu'ils avaient gardé des anciennes sodalités, surtout des collèges funéraires, l'habitude des sacrifices en commun et des banquets célébrés dans leurs